Préservation du patrimoine archivistique : Des chercheurs envisagent la création d’une école itinérante

Des chercheurs de l’université d’Oran envisagent la création d’une école itinérante en vue de sensibiliser le grand public à l’importance de la sauvegarde du patrimoine archivistique, a-t-on appris auprès des concepteurs de ce projet, en marge de la 5e édition du colloque international de traductologie. Il s’agit, a-t-on précisé, d’un projet à long terme qui a pour objectif d’encourager toute personne en possession de documents à caractère historique à les livrer en vue de leur numérisation et mise en ligne à la disposition des universitaires, historiens et chercheurs.
Une première expérience, initiée depuis quelques mois, a déjà permis, dans ce contexte, la récupération et la numérisation d’un échantillon de manuscrits arabo-berbères, a indiqué le professeur Farouk Bouhadiba, chercheur de l’université d’Oran qui a mené cette opération à Mazouna (Mostaganem) et dans le sud du pays en collaboration avec un chercheur de l’université d’Adrar. La réussite de cette première initiative « a favorisé l’idée de sa généralisation à différentes localités ou sites d’habitation à forte charge historique », a expliqué le Pr. Bouhadiba qui est également expert scientifique pour la mise en œuvre des programmes nationaux de recherche (PNR).
L’état « poussiéreux et lamentable » dans lequel se trouvaient ces manuscrits au moment de leur récupération incite, a-t-il souligné, « à davantage de mobilisation pour assurer le sauvetage de pans entiers de la mémoire nationale ». « La réticence affichée par les familles qui étaient en possession de ces documents s’est vite estompée quand elles ont bien saisi l’intérêt de cette opération », a affirmé le Pr. Bouhadiba.
La dégradation, a-t-il expliqué, est le principal risque de déperdition du fait du facteur climatique, de l’humidité, de la chaleur ou de la mauvaise manipulation, d’où la nécessité de recourir à la numérisation pour préserver et garantir la pérennité des documents. Le contenu des premiers manuscrits recueillis, dont certains remontent à plusieurs siècles, s’est révélé riche en informations qui renseignent entre autres, sur le système des foggaras (système ancestral local de distribution de l’eau) et des correspondances entre les chefs de différentes tribus.
La récupération de ce patrimoine archivistique permet également de mieux comprendre l’utilisation de la langue arabe à l’époque considérée et au fil des siècles, a ajouté le chercheur en citant, comme exemple de sujet d’étude, les influences entre les langues en contact. Le traitement automatique de la langue arabe a fait l’objet, pour rappel, d’un colloque international à l’université d’Oran organisé les 6 et 7 mai par le Laboratoire de recherche en linguistique, dynamique du langage et didactique, dont les travaux ont été présidés par le Pr. Bouhadiba.

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